Mantongouiné

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DOHA MEDARD

1- EPP de MANTONGOUINE au CP2 en 1978                       2-Médard a 13 ans à Abidjan

Dans le cadre de la création de ce site internet consacré à mon village Mantongouiné et ma région de Danané à l'ouest de la côte d'ivoire, je voudrais passer par ce texte autobiographique pour vous présenter ce pur sang africain que je suis qui navigue désormais entre l'occident et l'Afrique. Je suis né un jour de juin 1971 à Mantongouiné ou Flampleu (mon village maternel) S/P de Danané. Je ne sais pas exactement. Seule ma mère me le dira un jour si je la revois!!!. Mon nom de famille DOHA est le fait d’une déformation administrative ou linguistique de DOH, le nom de mon grand père paternel.


Mon père DOHA MAMADOU(1930-1981                 Ma grand mère ZEHE KOUELOU(1905-1984)      Mon grand  père DOH TIAGBEU DEGAULLE

Mon père DOHA GOUET MAMADOU était, deuxième enfant de ma grand mère et mère adoptive ZEHE TAN KOUELOU qui en avait eu douze. Il était le premier enfant de son père c'est à dire mon grand père DOH TIAGBEU dit ‘DEGAULLE‘. Mon père fût le chef du village de Mantongouiné SP de DANANE, à l'extrême OUEST de la côte d'ivoire depuis 1969. Et la fête de sa désignation se déroulait l’année de ma naissance. Il est décédé d’ailleurs douze ans plus tard le 29 juin 1981 à l’âge de cinquante ans des suites d’un long sommeil, chez l'une de ses nombreuses maîtresses dans le village de Flampleu voisin. De quoi est-il mort exactement? une crise cardiaque? Un assassinat par ses ennemis? Nous ne le saurons jamais. Toujours est-il que quelques mois après sa mort, sa maîtresse OULY Jolie se recasait avec un autre homme BÊH Victor, du village de Monleu qui était sur les lieux au moment du décès de mon père!!!! DOH Mamadou a laissé derrière lui, dix sept orphelins et six veuves!!!! Seul son petit frère DOH TAH Félix héritera de ce lourd fardeau et l'assumera avec générosité et abnégation. Car tous les enfants ont été scolarisés pendant plusieurs années.

La petite famille  de DOHA Médard et sa maman               Ma tante Angèle GOMPOU et mes cousins côté maternel

Ma mère DEHE MAHOUA GOMPOULOU, la fille aînée des neuf enfants de ses parents GOMPOU LAMINE et HOUEU ZAGBELE s’est liée d’amour comme toutes les belles jeunes filles de l’époque à mon père. Bel homme, séducteur, et surtout chef de village à femmes!!!Lorsque je suis né, je vivais avec ma maman à Flampleu son village, distant de Mantongouiné d'au moins un kilomètre et demi. Un jour de 1974, alors j’avais trois ans, mes parents se séparaient après de longs palabres et surtout après qu’un autre homme réussit à rembourser la dote payée par mon père pour acquérir ma maman.La DOTE est une grosse somme d'argent et des biens matériels que paie un homme à ses futurs beaux parents pour acquérir leur fille. Plus l'homme est riche, plus la dote est élevée. Dans le cas, de mère, elle s'élèverait  à près de soixante mille francs CFA ( près de 100€) et de nombreux autres biens tels des habits, des animaux( boeuf ou moutons ou cabris)  et même des bijoux en or. Ce qui pour l'époque était une grande fortune. J’avais appris  plus tard que ma grand-mère maternelle, OUHEU, élégante femme émancipée de l’époque, conseilla à sa fille de demander le divorce. Car selon elle, mon papa régnait tellement et surtout sa renommée dépassait les frontières de notre canton qu’elle ne lui prévoyait pas une longue vie . Ainsi ma maman retomba amoureuse d’un autre homme riche et capable de rembourser la dote payée à ses parents. C’est comme cela que se réglait les histoires de femmes et de mariage chez nous à l’époque. Ainsi après le règlement du côté financier, une autre dispute s’engagea entre mes parents pour ma garde.

Ma Tante Madeleine et mon oncle GOUET Alphonse ainsi que ma famille maternelle de Flampleu du clan  ZAVA

C’est finalement par ruse  lors des discussions qu'une de mes tantes et demi sœur de mon papa, DEHE MADELEINE mariée dans la famille de ma maman que celui-ci et ses hommes de main m'arrachèrent à ma mère pour m’emmener à Mantongouiné. Ainsi  sans rien comprendre, je me retrouvai  pour la première fois  seul  sans ma mère  chez mon père parmi les autres nombreux enfants de celui-ci et mes sept belles mères. Mais je fus finallement confié à ma grand-mère ZEHE qui s’occupait de ses cochons, ses marchandises et de nombreuses petits enfants (mes cousines et demi sœurs ) qui vivaient aussi  chez elle. Je fus le plus jeune parmi toutes ces "grandes sœurs". Celles-ci s’occupaient bien de moi et s’amusaient souvent à m’habiller en fille. Ce qui a probablement conditionné ma bonne entente avec les femmes à l’âge adulte.

Mon enfance, je l’ai passé  donc chez ma grand-mère ZEHE KOUELOU avec mes cousines et demi sœurs dans le quartier  de l'arbre à palabre DROHO avec quatre copains Mamadou Diomandé, Kéan Doueu Alexis, Doua Gouet Germaine et Douana Gouet Athanase. Nous jouons ensemble au jeu de masque, nous cherchons de la kola, nous allions chercher de la l'eau au marigot, et souvent je prenais mon repas de midi ensemble avec un ou deux. Ce sont mes copains de classe de CP1 de l’École Primaire Publique de Mantongouiné pour la rentrée scolaire 1977-1978.

Notre maître du CP1 au CP2 s'appelait Michel. Je l'adorait.  Et le directeur était Monsieur DOUDOU Simporé Jules. Avec mes copains cités ci-dessus, nous avons fait tous l'école primaire ensemble  avant que nos voies se séparent. Alexis et moi avions été meilleurs élèves de la classe jusqu’au CE1. Une anecdote  à ce propos m’a frappé un jour lorsque j’étais au CP2.   En effet, comme à chaque approche des vacances scolaires, nous faisions des compositions et le classement des élèves se faisait en public. Lors des classements de noël 1978, alors que nous étions dans une longue file et que l’instit appelait les enfants par ordre de mérite, celui-ci omit de citer mon nom. Alors que j’étais 5ème de la classe, donc parmi les meilleurs, il oublia mon nom et continua son classement jusqu’au 38ème  rang.  C’est grâce à la vigilance d’un de ses collègues instituteurs que notre maître revint sur mon nom et s’excusa publiquement auprès de mon père. J’avais de bons résultats scolaires même après le décès de mon père. Mais sa disparition  allait chambouler notre existence, nous ses nombreux enfants. Certes les nombreux changements ont atténué mon travail sans toutefois nuire à mon intelligence. Et sans véritable réussite scolaire brillante ni sociale, j’ai lutté pour obtenir mon baccalauréat dans des conditions de vie misérables dans la ville de Toulépleu à l‘ouest du pays en 1994. Et même si la vie à Abidjan était différente de celle vécue à Toulépleu, elle me fut au début, tout aussi misérable pour un étudiant. Mais finalement j’ai pu obtenir ma Licence d’anglais à l‘université d‘Abidjan Cocody. Bref, ce n'était pas gagné!!!!

Les souvenirs de ma grand mère ZEH ont aussi conditionné ma vie et ma façon d’agir avec deux fils. J’ai été élevé dans l’amour d’une grand-mère mais aussi dans le respect de la tradition et l’éducation africaine. Chez nous en Afrique, c’est dès l’enfance qu’on éduque, sanctionne et apprend à travailler, à respecter les adultes, les éducateurs et enseignants qui participent à notre éducation. Et surtout, c’est dès cet âge qu’on apprend à l’enfant à dissocier ce qui est bien de ce qui est mal. Et lorsqu’une bêtise ne serait-ce anodine se fait, la sanction est souvent immédiate et sévère mais exemplaire. L’une des anecdotes que je n’oublierai jamais est « qu’un jour que les gens lui rapportèrent à ma grand mère que j’avais cueilli des mandarines (clémentines) sur le mandarinier de DION SAMAIN, l’une des épouses de son frère aîné YAKE KOUEGBEU. Celle-ci pour me punir, me battu et mit du piment rouge dans mes yeux. Cette façon cruelle de faire les choses s ’expliquait par prévention que cela n’arrive plus jamais. Pour finir, après mes pleures et lamentations de douleurs indescriptibles, elle me lava bien à l’eau froide, me nettoya les yeux et me donna une pièce de 10 FCFA pour me consoler. Elle me conseilla de ne plus jamais voler ce que l’on ne m’a pas donné . Après ce qui venait de se passer, je retins ce conseil toute ma vie.

C’est avec ma grand-mère ZEHE que je connu l’amour maternelle. C’est elle mon plus grand Amour connu sur terre. Elle m’a aimé plus que personne d’autre. Elle m’a prouvé cet amour avant sa mort. Et moi je l’adorerai toute ma vie. C’est avec elle que j’ai commencé la jalousie de l‘amour. Lorsqu’elle ne me voyait pas de la journée, les mercredi par exemple, jour de repos des élèves, elle partait à ma recherche en criant mon nom et passait dans tout le village. Ce qui fait qu’aujourd’hui encore les vieillards s‘en rappellent de cette épisode. j’ai aussi apprit à donner aux pauvres, aux démunis et aux autres. Car, ma grand-mère donnait aux gens de l’argent, de la nourriture et hébergeait souvent des enfants des autres. Que dire d’autre sur NAN ZEHE? C’est la femme la plus merveilleuse que j’ai connue sur terre. Mon plus grand Amour ou peut-être mon premier grand Amour. Elle mourut le 21 septembre 1984 alors que je venais de réussir à mon concours d’entrée en sixième et mon orientation dans un collège d‘Abidjan., à 645kms de mon village. Sur la maladie qui l’emporta, je ne connais rien exactement. Aujourd’hui adulte, certaines explications me viennent à l’esprit. Elle n’avait jamais supporté la mort de son fils aîné, mon père, trois ans auparavant. Et puis l’âge se faisant, certaines choses ont dû mal se passer. Car un jour, un dénommée SAHI LEGROS, un vagabond bien costaud qui avait émigré dans le village m’informa d’être tombé amoureux de ma grand-mère. Je ne sais pas si son âge lui a joué des mauvais tours dans cette relation avec un mec aussi jeune? Je me pose la question aujourd’hui. Ma grand-mère et mère adoptive depuis l’âge de trois ans venait de me lâcher une fois de plus sur le chemin de la vie. Une autre étape commençait ainsi pour moi. Même si quelques jours après la mort  de ma grand mère, je pris le mini car gbaka pour Abidjan le 07 octobre 1984 en compagnie de GOUE Délesse, mon oncle et époux de ma tante Makeuleu DOH Léonie(dernier enfant de ma grand-mère Zéhé), la réalité de la perte de mes parents connus( Grand-mère et père) me rattrapa rapidement. Et je pleurais souvent ma grand-mère dans la douche lorsque je faisais la lessive de ma grande sœur Jeannette Mamadou et son mari qui m’hébergeaient chez eux à Abidjan.

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Mon grand père paternel DOH TIA DEGAULLE

Il vivait de la chasse et de ses nombreux travaux champêtres. Il avait quatre épouses qui étaient ZEHE KOUELOU (ma grand-mère), DOMPOU keilou, YEIN madame et ZROH Bosselé. Il était bien connu à Mantongouiné pour avoir été l’un des grands chasseurs de Python. Lorsque je vivais avec ma grand-mère, je l’accompagnais toujours partout dans le village. Il ne mangeait jamais sans moi. Notre relation était presque fusionnelle et il me délivrait beaucoup de ses secrets sans que je ne comprenne grand-chose. Il est mort d’une longue maladie MST en 1979. Mais comme je viens de le dire ci-dessus, il m’expliquait certaines choses que je ne comprenais pas étant enfant. Ainsi, un jour, quelques mois avant le début de sa maladie, «  il m’expliqua qu’un soir lorsque qu’il venait d’effectuer ses travaux champêtres et qu’il rentrait au village, il s’était aperçu que quelqu‘un le suivait. Il pressa ses pas et avait réussi à se cacher derrière une termitière. C’est là qu’il vit un animal aussi bizarre. Car il avait une tête mi serpent et un corps mi-poule. .Et lorsque cet animal était arrivé à son niveau, il lui avait donné un coup violent avec la partie plate de sa machette pourtant bien aiguisée et donc tranchante. Alors je lui demandai pourquoi n’a-t-il pas utilisé la lame de sa machette pour couper l‘animal en deux? Il me répondit que de toute façon, l’animal n’allait pas survivre à ce coup porté au dos ». Quelque temps après m’avoir raconté cette histoire, il tomba gravement malade et mourut plus tard des suites de cette maladie. J’appris plus tard qu’il avait eu affaire aux sorciers et précisément à sa dernière épouse ZRO Bosselé qui le trompait et voulait le tuer pour rejoindre son amant TÊH Pierre. D’ailleurs tous deux son tombés malades en même temps et sont morts à quelques mois d’intervalle et elle en premier. Mon grand était un homme direct, d’une franchise à gâcher tout. Il faisait rigoler les gens et surtout il provoquait souvent des histoires et appelait aussitôt son fils de chef pour rétablir l’ordre. Moi je l’aimais bien mon grand père DOH TIAGBEU DE GAULLE.

Mon enfance, comme annoncé ci-dessus, je l’ai fait essentiellement chez ma grand-mère ZEHE avec aussi mes cousines GUELA Yolé Jeannine, GUELA Odette, et demi sœurs Mamadou Pauline et Mamadou Jeanne. Ces deux dernières ayant perdu leur mère très tôt, vivaient aussi avec notre grand-mère. Je visitais de temps en temps la famille de mon père qui était installée de l’autre côté, au sud du village à environ cinq cent mètres de chez ma grand-mère. Mais ne vivant pas avec mes autres nombreux demi frères et sœurs, ceux-ci me considéraient comme étranger à la famille. Et même lorsque nous revenions de l’école et que ma grand-mère n’avait pas eu le temps de me faire à manger, certains de mes demi frères me refoulaient ou refusaient de manger avec moi. Car je représentais une sorte d’étranger, mendiant qui venait s’incruster dans leur repas familial. Mon papa intervenait souvent pour m’intégrer avec mes autres demis frères et sœurs. « J’ai un souvenir exacte de cette période où un jour alors que mon demi frère Ludovic, dont la mère DOUEU Hélène était l’épouse la bien aimée de mon père, refusait de mettre sa main dans le même plat que moi, mon père insista à ce que je mange. Lorsque Ludovic refusa et commença à me donner des coups, je n’osais rien dire au début, de peur d’être grondé par mon père. Mais celui-ci me poussa à répliquer. Ce jour là, je pris ma revanche et battu correctement Ludovic. Je venais ainsi de faire mon intégration dans la famille de mon père mais aussi de me faire des ennemis de taille.

Orienté  donc au collège Moderne Saint joseph d’Abobo gare, une banlieue d’Abidjan, je fus d’abord refusé par un tuteur GOUE Makayé qui n’ayant pas apprécié la procédure adoptée pour me le confier, me renvoya chez ma grande sœur DEHE JEANNETTE et son mari ZRO KOUMOUAN PASCAL. Ainsi de Yopougon, vaste banlieue ouest d’Abidjan, j’allais tous les matins à l’école à Abobo-gare, une autre vaste banlieue est. Je changeais deux fois de bus dans la matinée avant d’arriver au collège. Ma vie n’a jamais été simple je l’ai vécu comme ça venait. Je n’avais là que 13 ans, sans la moindre connaissance de la ville et surtout la grande ville comme Abidjan.

Voulez vous savoir la suite de cette histoire ? Patientez car cela ne va pas tarder !!!!

DOHA MÉDARD EN IMAGES: AVEC  SA MERE ADOPTIVE TAHA MARGUERITE, SES ENFANTS Martin et Samuel.

Gouet Médard, extrait de «  cahier d’une vie »

Mise à jour le Dimanche, 24 Mai 2015 22:52