Mais qui a donc assassiné le Général Robert GUEI ?
Rapport sur la situation des droits de l’homme en République de Côte d’Ivoire depuis le 19 septembre 2002 jusqu’au 15 octobre 2004 conformément aux dispositions de l’annexe VI de l’Accord de Linas Marcoussis et à la déclaration du Président du Conseil de Sécurité du 25 mai 2004 (PRST/2004/17)
(…)Les droits civils et politiques
Droit à la vie, Exécutions sommaires des personnalités politiques et militaires ,Exécution du général Robert Gueï, de son épouse et de sa garde rapprochée .
Des témoignages concordants établissent que dans la journée du 18 septembre 2002, un mouvement suspect a été observé dans le camps militaire d’Akouedo à Abidjan comme si quelque chose se préparait. Un témoin a déclaré à la Commission que ces préparatifs concernaient Robert Gueï qui allait connaître des problèmes dans les heures suivantes. D’autres témoins ont indiqué à la Commission le nom du conducteur ainsi que l’identité du char « Comoé », le même qu’on retrouvera chez Alassane Ouattara et Adama Tongara (Maire d’Abobo) la nuit du 18 au 19 septembre 2002. Le 19 septembre 2002 vers 3 heures du matin, lorsque les premières attaques ont été lancées sur la ville d’Abidjan, le personnel de maison qui était en service ce jour a contacté le général Gueï pour l’informer des tirs. Vers 4 heures 30 du matin, le général Gueï est descendu de sa chambre en compagnie de son épouse et a demandé à son chauffeur d’apprêter la voiture, une Toyota Camry. Selon des témoins, le général Gueï était habillé d’un survêtement jogging de couleur blanche et de babouches. Le général a ensuite dit à son chauffeur que comme on ne sait pas qui tire et sur qui on tire, cela ne valait pas la peine de sortir. Les tirs se rapprochant de plus en plus du portail de la maison, le général Gueï et son personnel se sont réfugiés au garage. Le général a ensuite envoyé son gardien chercher une échelle à l’aide de laquelle son épouse et lui ont escaladé le mur de clôture de la résidence. Une fois descendus, ils se sont cachés derrière la clôture. Ils y sont restés jusqu’aux environs de 6 heures du matin puis le général Gueï a demandé à son épouse de retourner à la maison. Resté seul dans sa cachette, il a appelé sa femme vers 9 heures du matin pour lui dire qu’il était en train de se rendre à la cathédrale et qu’il fallait qu’elle avertisse les gens de la cathédrale afin qu’on puisse lui ouvrir le portail. Selon des sources concordantes, Robert Gueï s’est effectivement rendu à la Cathédrale d’Abidjan située non loin de sa résidence en vue d’y trouver refuge. Il a été accueilli par un membre du clergé dont la haute hiérarchie de l’église catholique en Côte d’Ivoire a refusé de révéler l’identité à la Commission. Ce membre du clergé a informé ses supérieurs de la présence de Robert Gueï à la Cathédrale. Le ministre d’État, ministre de la défense et de la protection civile, Moïse Lida Kouassi, qui était en charge de la gestion de la crise du 19 septembre 2002 jusqu’au retour de Rome du chef de l’État, a reconnu devant la Commission avoir reçu un coup de fil de la Cathédrale. Il s’agissait selon lui d’une personne, dont il ignore le nom, se présentant comme le Secrétaire général de l’archevêché qui l’a appelé dans la matinée du 19 septembre (il ne se souvient pas de l’heure exacte), pour l’informer qu’un groupe de militaires s’était rendu devant la cathédrale et, exigeaient d’entrer afin de rechercher le général Gueï. Le Secrétaire général de l’archevêché a demandé à Lida Kouassi d’ordonner aux militaires de quitter les lieux et de ne pas violer les locaux de la cathédrale. Le ministre d’État chargé de la défense a affirmé devant la Commission avoir ensuite appelé le colonel major Kasaraté pour lui demander d’intervenir. Lida Kouassi a déclaré devant la Commission avoir appris la mort du général Gueï le 19 septembre 2002 vers 9 heures 30 ou 9 heures 45, par l’intermédiaire d’un groupe de soldats. Ces derniers ainsi que des journalistes qui étaient avec lui, parmi lesquels Paul Dokui, se sont rendus sur les lieux et ont contacté Lida Kouassi pour confirmer la mort du général Robert Gueï. Le ministre d’État a fait son premier discours à la nation le 19 septembre 2002 vers 10 heures du matin dans lequel il affirmait que le général Gueï était l’instigateur de la tentative de coup d’État et qu’il avait été tué au cours des combats. De nombreux témoins qui ont été avec le général Gueï juste avant le jour de sa mort, ou qui connaissaient son emploi du temps les semaines précédant les événements du 19 septembre 2002, ont réfuté la thèse officielle de l’implication du général dans l’organisation du coup d’État. D’après des témoignages concordants, le général Gueï était occupé à réorganiser son parti politique et préparait notamment les élections des bureaux des femmes de l’UDPCI. Il comptait ensuite quitter Abidjan pour retourner dans son village. À la vue des images du corps du général Gueï qui ont été présentées sur les écrans de la télévision ivoirienne le 19 septembre 2002, l’observateur a difficilement l’impression qu’il commandait des opérations militaires. Des témoins qui ont également regardé à la télévision ce jour là ont déclaré avoir remarqué que les souliers que le général Gueï portait étaient différents des babouches qu’il avait lorsqu’il a quitté la maison pour aller trouver refuge à la cathédrale. Le survêtement était également différent car celui qu’il portait en sortant de la résidence avait des manches longues contrairement à ce qu’il avait sur lui à la télévision. Le 19 septembre 2002 vers midi, l’aide de camp du général Gueï, Fabien Coulibaly avait été informé par un de ses éléments de la présence d’un char et d’une voiture 4X4 devant le domicile du général Robert Gueï et en avait fait part à l’un de ses cousins au téléphone. Le char était positionné devant le portail d’entrée. Deux hommes en treillis militaires seraient sortis du char et auraient commencé à tirer vers la résidence du général Gueï. Ils ont ensuite demandé à ceux qui se trouvaient de s’y rendre. Le capitaine Fabien Coulibaly, l’aide de camp du général Gueï, et les autres gardes se sont rendus sans résistance en obtempérant à l’ordre de l’équipe du «commando» identifiée comme étant des gendarmes dont certains appartenaient à la garde présidentielle. Selon un témoin, Fabien Coulibaly avait en effet confiance en l’officier qui leur avait intimé cet ordre car il le connaissait. Mais après s’être rendu, Fabien Coulibaly et ses compagnons ont été emmenés et tués. Des témoignages concordants font état de violences commises sur madame Gueï ainsi que sur une autre femme qui se trouvait à la résidence au moment de l’attaque. Madame Gueï aurait ensuite été abattue par l’un des militaires qui se seraient livrés à des scènes de pillage de la résidence de Robert Gueï, emportant tous les objets de valeur. L’un des éléments ayant pris part à cette opération a utilisé la voiture de madame Gueï, une Toyota Camry, pendant près de deux ans, sans plaque d’immatriculation, après l’avoir repeinte en bleu (alors qu’elle était grise à l’époque où elle était entre les mains de Madame Gueï). La Commission a eu l’occasion de voir les dépouilles de Robert Gueï et de son épouse Rose Gueï qui se trouvent encore à la morgue de Treichville, à Abidjan. Elle a pu constater que Robert Gueï et sa femme portaient de traces des balles dont les détails sont consignés dans le rapport d’autopsie du médecin légiste qui a assisté la Commission. Rose et Robert Gueï ont été abattus de balles notamment tirées à la tête et logées dans leur corps à partir d’une position qui indiquerait que les deux victimes se trouveraient par terre ou accroupies. Le médecin légiste qui a accompagné la Commission lors de cette visite à la morgue, a confirmé cette version.
Exécution du ministre d’État Émile Boga Doudou
Dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, aux environs de 4h00 du matin, des individus se déplaçant à bord d’un taxi-compteur et d’une Peugeot 505, ont attaqué la résidence de Boga Doudou, alors ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, située au quartier Deux Plateaux, à Abidjan. Le ministre Boga Doudou a essayé de s’échapper en escaladant le mur de sa résidence pour se rendre dans la cour de son voisin Kanté Koly, où il a été retrouvé et abattu par les assaillants. Selon les conclusions du rapport d’autopsie du médecin légiste, « le ministre Boga Doudou a été atteint par trois balles de type projectiles de fusils d’assaut : une balle dans le dos, au niveau du thorax droit, une balle tirée dans la tête sous la tempe droite et une balle tirée à la face postérieure du coude droit ». Il « a été également touché par des résidus métalliques d’une déflagration dont l’onde de choc a provoqué des plaies hémorragiques du bassin et de la colonne lombaire ». Dans la cour de la villa du voisin où le ministre Boga Doudou a été abattu, la police judiciaire a découvert, au bord de la piscine, une mare de sang. Lors d’une descente sur les lieux du crime, la Commission a pu observer trois impacts de balle sur le tronc d’un rônier et plusieurs autres au sol où le corps était tombé. Les agents de la police judiciaire ont trouvé sur place des douilles de munitions de fusil automatique Kalachnikov AK47. Des impacts de balles et d’obus ont été vérifiés par la Commission à divers endroits, notamment à l’intérieur et l’extérieur (guérite, fenêtres, portes murs, véhicules) attestant la violence de l’attaque et la puissance des armes utilisées. Les agresseurs du ministre Boga Doudou n’ont pas encore été identifiés avec certitude. Néanmoins, il y a quelques indices selon lesquels, un élément de la rébellion, dont le nom a été révélé à la Commission, commandait le groupe qui a attaqué le domicile de Boga Doudou. Après l’échec de l’attaque sur Abidjan, les rebelles se sont repliés sur Bouaké, dans le centre du pays. L’un d’eux aurait été appréhendé à Yamoussoukro par les forces loyalistes et des effets personnels du ministre Boga Doudou auraient été découverts sur lui. Il est apparu à la Commission que le ministre Boga Doudou avait beaucoup d’ennemis tant à l’intérieur du régime que dans l’opposition politique et dans l’armée. Le projet de réforme de la police lui avait valu beaucoup d’ennemis. Selon un témoin, un jour au cours d’une réunion à l’école de police, des policiers lui ont jeté du gaz lacrymogène à la face. La réforme de l’identification lui a valu l’animosité des groupes d’opposition. Mais des témoignages concordants ont montré qu’il avait également beaucoup d’amis notamment au sein du RDR et pensait qu’il fallait se mettre au dessus des contingences politiques. D’après les témoignages reçus par la Commission, les assaillants connaissaient bien les habitudes et comportements du ministre Boga Doudou à son domicile pour avoir tiré la roquette sur son bureau et ciblé sa garde robe à partir de son balcon. Ils ont également tiré sur sa chaise, sur la photo de mariage (visant son front) ainsi que sur le costume qu’il portait la veille. Les assaillants ont tiré sur les véhicules de fonction tout en préservant les voitures personnelles du ministre (…)
Comme l’a établi clairement le rapport ci dessus, le Général Robert GUEI n’était mêlé ni de près ni de loin à l’organisateur du coup d’Etat du 19 septembre 2002 qui s’est mué en rébellion…il a été purement et simplement assassiné froidement par le régime du président Laurent GBAGBO contrairement à ce qu’avaient annoncés Monsieur Alain TOUSSAIN le conseiller en communication de l’époque du Président Ivoirien depuis Rome à l’AFP, le premier ministre d’alors Monsieur Pascal AFFI N’GUESSAN depuis Yamoussoukro à RFI et sur les ondes de la télévision ivoirienne Ainsi que le ministre de la défense Monsieur Moise LIDA KOUASSI d’Abidjan à la télévision nationale.
Pour tous, il était l’instigateur du coup d’état. C’est d’ailleurs avec fierté, tel un trophée, que le corps sans vie de cet éminent saint-cyrien était montré sur les chaînes de la télévision nationale, des chaînes de télévisions internationales, sur Internet et dans toutes les rédactions du monde gisant dans les herbes comme un vulgaire bandit…
La suite on la connaît et comme personne n’est dupe, nous savions que les refondateurs venaient ainsi de liquider leur principal rival politique dans la partie ouest de la Côte d’Ivoire ou le Général était plébiscité au vu et au su de toute la communauté nationale et internationale.
La communauté internationale ayant découvert l’imposture, la supercherie, le mensonge comme aimait si bien dire le Général Robert GUEI et je cite, « le mensonge peut prendre l’avion mais à pied, la vérité finit par le rattraper (…)»
C’est pour cela, que nous soutenons avec la plus grande fermeté la décision d’Amnesty International qui a invité le gouvernement ivoirien à coopérer «pleinement» avec le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), notamment, en levant les obstacles à la visite du Procureur de la CPI en Côte d’Ivoire, afin de lui permettre d’examiner la situation dans le pays et de déterminer s’il y a lieu, d’ouvrir une enquête sur les crimes qui auraient été commis depuis le 19 septembre 2002, date du déclenchement du conflit armé.
la cour pénale internationale pourrait ainsi entendre les acteurs de la crise qui a fait des milliers de morts et des graves violations des droits de l’homme dans notre pays.
OUI au droit de faire la paix, OUI au droit de poser les bases d’une vraie démocratie, OUI au droit au pardon mais aussi oui au devoir de savoir pour comprendre cette page tragique de notre histoire nationale.
Fermer les yeux sur nos déboires, c’est refuser de se regarder dans le miroir. OUI à la réunification de la Côte d’Ivoire, OUI aux résolutions du dialogue direct même si nous ajouterons volontiers le mot sincère et ainsi dire
« LE DIALOGUE DIRECT SINCERE »…
Nous y veillons…
Ensemble osons !!!