Mantongouiné

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LE PEUPLE DAN OU YACOUBA DE CÔTE D'IVOIRE

LES DAN OU YACOUBA

Les Dan OU YACOUBA occupent à l'extrême ouest de la Côte d'Ivoire, les régions de Man et de Danané, Biankouman, zouan houyé, sipilou, les  régions de forêts que baigne le cours supérieur du Cavally et régions montagneuses de Dan. Les Dan se retrouvent de l'autre côté des frontières  du Libéria et de la Haute-Guinée. Ils sont environ 150 000. Les Dan voisinent au sud avec les Guéré (Kran) et les Wobè ,très proches (environ 130 000) dont les conditions de vie et les institutions ne diffèrent guère de celles des Dan (ainsi que les Toura et les Maou) qui s'opposent tous à L'Islam. Ils sont surtout unis par un idiome commun, appelé dan, d'origine mandé, mais imprégné d'éléments locaux archaïques.

LE GROUPE DE DANSE DU MASQUE GUEHE DRO                           LE MASQUE ECHASSIER YACOUBA

HISTOIRE

Les Dan ivoiriens sont appelés par erreur Yacouba, parce qu'ils commencent souvent leurs palabres par le mot "Yapeuba" qui, déformé, est devenu « Yacouba ».
Les Dan, composés de multiples tribus, se sont structurés en groupe ethnique au moment où ils ont fui, au XVIIIe siècle, l'expansion Dioula. Ils se sont réfugiés dans les montagnes du Man, arrêtés dans leur exode par la barrière des forêts denses.De leur contact avec les Mandé, les Dan ont gardé certaines influences culturelles (par exemple, le grand masque à bec, qui préside aux cérémonies des associations d'hommes koma, d'origine soudanaise).

VIE ECONOMIQUE

Dans leurs montagnes et forêts refuges, les Dan pratiquent la riziculture des plateaux (trente sept variétés de riz ont été dénombrées dans la région de Man) et une culture du kolatier dont ils échangent les noix contre du poisson séché par l'intermédiaire des Dioula.
Les jeunes gens sont souvent obligés d'émigrer vers les grands centres côtiers pour trouver du travail afin de réunir la somme d'argent nécessaire pour se marier.

VIE RELIGIEUSE

Pratiquant encore de nombreux rites d'initiation (Poro) et fidèles au culte des ancêtres, les Dan s'opposèrent assez farouchement à l'Islam. Mais avec la pénétration Dioula, cette résistance faiblit surtout dans la partie nord à la lisière de la forêt. La diffusion des religions syncrétistes, comme celle du prophète Harris, a aussi une certaine influence. Il existe des sociétés secrètes : par exemple, le Poro, société secrète masculine, et le Bunda, société secrète de femmes.

VIE CULTURELLE

Les Dan ont un grand sens artistique. Isolés, ils ont pu longtemps développer plusieurs disciplines artisanales d'un haut niveau esthétique, en premier lieu, la sculpture des masques et la confection de tous les nombreux accessoires de parure pour les danses des masques ainsi que la peinture murale et faciale.

Dans certains villages, les murs des cases sont encore décorés de dessins d'une grande spontanéité, évoquant des scènes de danse avec les différents masques ou des animaux légendaires. Ils sont faits à l'aide de kaolin, d'ocre, ou de noir (matières végétales calcinées). C'est un art populaire pratiqué en général par les femmes et les jeunes filles, rarement par les hommes.
Les Dan sont de grands danseurs : leurs danses acrobatiques sont connues dans toute la Côte d'Ivoire (des fillettes sont lancées avec force par des jongleurs qui les reçoivent sur leurs poings armés de poignards très pointus). Les Dan sont aussi d'excellents musiciens.

VIE ARTISANALE

Pas de castes professionnelles, pas de spécialisation. La cordonnerie, la teinturerie, le tissage, peu développés dans ces régions, sont pratiqués à peu près uniquement par des artisans Dioula ou des ethnies voisines, mais toutes les autres activités artisanales sont exécutées par les Dan eux mêmes.

Habillement

Une des particularités de l'habillement des Dan des villages isolés consiste en une coiffe confectionnée avec la crinière du colobe noir. Les danses rituelles des Dan sont de véritables ballets. Les fillettes sont spécialement formées pour exécuter des danses sacrées. Elles portent un superbe casque orné de broderies géométriques, garni d'une crinière de plumes blanches; des grelots fixés aux chevilles servent à rythmer leurs danses, accompagnées par un joueur de harpe portant une tunique indigo chargée de gris gris.

 

Parure
Bijoux de cuivre jaune ou de laiton, gravés de motifs géométriques, anneaux de chevilles spiralisés. Nombreux accessoires de parure pour la danse : armes de parade, bracelets munis de clochettes, casques avec cauris, jupes en cuir brodé, cannes de chef, etc.

Tissage et teinture

Réservés aux artisans Dioula qui fabriquent des pagnes blancs à petites ou grandes rayures bleu indigo, alternées.

Vannerie

Les vanniers sont très nombreux chez les Dan. Ils exercent surtout leur activité pendant la saison des pluies au moment où les matières premières sont les plus nombreuses. Ils fabriquent pour des besoins familiaux des paniers coniques en liane et raphia, des tamis pour le riz, des corbeilles en forme de berceau servant à transporter les noix de kola, des nattes servant de rideaux de portes, en forme de lamelles de palmes, brodées avec des fibres de raphia (les plus belles nattes sont faites par une ethnie très proche des Dan, les Toura, dans la région de Zala). Ils font aussi des fauteuils et des sièges en bambou et liane, des pièces de vannerie aux formes coniques très belles.
Il faut aussi citer leur ponts de liane, véritable architecture en vannerie.

Cuir
Le travail du cuir est réservé aux artisans étrangers, sauf pour la réalisation des jupes en cuir brodé, qui servent pour certaines danses sacrées.

Travail du métal

Les bijoutiers orfèvres Dan utilisent la cire perdue (ils ont dû apprendre cette technique des Baoulé). Ils réalisent des statuettes en bronze figurant des scènes de la vie quotidienne : une femme allaitant, un homme battant du tambour, un danseur masqué, etc. Ces statuettes ont un caractère profane et sont vendues maintenant aux touristes.
Bijoux en bronze, très finement travaillés (motifs linéaires, ainsi que des représentations d'hommes ou d'animaux).

Travail du bois

Le possesseur du masque qui est toujours un homme soit le commande à un artisan qui travaille sous les ordres d'un prêtre (chef religieux qui peut établir le contact entre l'homme et le devin) soit l'obtient en héritage de son père.
Il existe deux utilisations des masques : ceux qui appartiennent à un rang plus ou moins élevé dans la hiérarchie du Poro, qui sont craints (le masque ayant toujours un caractère religieux ou social particulier) et ceux qui ne servent que dans les divertissements de la communauté (masque de singe jouant le rôle de bouffon, masque de juge, de policier, de mangeur de riz, etc.).

Le centre de cette production se trouve chez les Dan et leurs voisins Guéré Wobé, dans les régions de Dan et Danané, unis par le culte du Poro.
Dans la région de Danané, les différents styles (Dan, Guéré) s'interpénètrent et le jeu des influences réciproques a produit des créations prodigieuses. Les formes arrondies des masques Dan se combinent aux formes cubiques des Guéré. Les deux styles « classiques » les plus caractéristiques peuvent être illustrés par deux masques :
Dan: « la mère des masques », porté par les danseurs montés sur de grandes échasses. Ce masque, d'un ovale très pur, figure un visage féminin idéalisé, front légèrement bombé, nez droit, lèvres fines sensibles, yeux mi clos en amande, donnant l'expression d'une grande sérénité, et patine noire foncée toujours très belle, obtenue par un bain de boue.
Ce masque type, d'une très grande variété, symbolise la Mère primordiale et féconde, qui apaise les querelles, protège les femmes enceintes et les nouveau nés. Bouche ouverte en losange, laissant apparaître les dents, lamelles de fer blanc appliquées en bordure de l'oeil, etc.
Guéré : à l'opposé, le masque de type Guéré, appelé tégla, est abstrait, terriblement agressif et inquiétant. Le front, les oreilles. les yeux, le nez, la bouche sont évoqués par des tubes, des cones. des demi lunes rehaussés d'une profusion d'ornements variés : douilles de cartouches pour collerettes, moustaches et barbe de fibres noires, plumes, clochettes, objets métalliques. Ce masque joua un rôle politique. Masque de guerrier pour effrayer, il annonçait aussi l'avenir pendant les guerres, et y mettait fin.
Le sculpteur sur bois Dan réalise quelques statues féminines, bras le long du corps, dont le visage ressemble à « la mère des masques ». Il sculpte les grandes cuillères anthropomorphes à riz, po, utilisées uniquement pour la distribution du riz pendant le festin rituel, terminée par une tête à long cou, où le manche évoque les jambes. et le creux de la cuillère la tête.
Le sculpteur fabrique aussi les tablettes mankala utilisées pour le jeu, composées de deux rangs parallèles de trous; les deux faces sont ornées de motifs géométriques gravés. A chaque extrémité, une tête d'homme ou d'animal.
Les petits masques ma sont des répliques en miniature (environ 10 cm) des masques dan, travaillés en bois ou en pierre. Ils servent d'insignes aux membres initiés de la société Poro, et aussi comme amulette protectrice.
Les artisans fabriquent aussi des pilons à riz ou à tabac ornés de têtes, des sièges pour les circoncis, des chaises en bois et paille de riz, des harpes dont le résonateur fait d'une calebasse est orné de dessins géométriques en cuir. Citons aussi le tambour monoxyle à fente (qu'on ne trouve que chez les Dan et les Baoulé), les grandes trompes (truta) en ivoire sculpté, appartenant aux chefs.
Poterie
Poterie en terre rouge assez grossière réalisée souvent par des hommes, ce qui est rare en Afrique.

Source: REZO IVOIRE

Mise à jour le Dimanche, 12 Avril 2015 07:04